Normandie !

2010
05.20

Omaha Beach

Normandie

Voilà maintenant une heure que nous avons débarqué en Normandie. Je viens de parcourir en courant dans l’eau, les cinquante mètres qui menaient de la barge à la plage. Chaque seconde, j’ai l’impression de risquer ma vie et je ne parviens pas à détourner mon regard de tous les corps et des blessées qui jonchent la plage. Depuis maintenant une demi-heure, j’ai perdu de vue tous mes camarades avec lesquels j’ai enduré la traversée de la Manche. Ils sont perdus au milieu de la fumée, de la poussière ou alors ils ont déjà rejoint à terre les autres camarades blessés ou tués dont les râles tentent vainement de couvrir le bruit des mitrailleuses.

Je commence à peine à réaliser qu’au milieu de toutes ces armées et des combats, je suis en train de vivre enfin un de mes plus vieux rêves : revenir sur les plages normandes que je connaissais si bien étant enfant. Sans encore en être vraiment conscient, je suis en train de revoir la Normandie, berceau de mes meilleurs souvenirs ; il est étrange qu’en même temps  j’assiste à la destruction de ces paysages si chers à mes rêves et à mon enfance.

Il semble que toutes ces années passées loin de mon Cotentin natal, je n’ai vécu que pour ce moment là. Depuis quelques minutes, déjà, je cherche, sans parvenir à les retrouver, à ressentir la multitude de sensations et d’odeurs enfouies dans ma mémoire.

La dernière fois que j’ai foulé cette terre, j’avais quatorze ans. Depuis, des évènements historiques se sont produits dans mon pays natal alors que moi je me trouvais loin avec mes parents aux Etats-Unis ; j’ai traversé une adolescence ni originale ni très joyeuse et j’ai beaucoup oublié du temps où nous vivions dans une la chaumière familiale ; d’autant plus qu’en Amérique, mes parents ne se montraient pas très enthousiastes à parler du temps de la Normandie. En revanche, moi, je n’en ai toujours gardé que de bons souvenirs et il semble que chaque fois que mon père évoquait le climat difficile ou se rappelait le mauvais caractère de ces paysans rustres et incultes, moi je revoyais la beauté de la mer sous un ciel d’orage et je me rappelais le sourire de gens simples et bons, des paysans forts et fiers de cultiver leur terre ancestrale. Je ne saurais plus décrire la ville où nous habitions ni même la maison où j’ai commencé à apprendre le français, à écrire, et malheureusement… à entendre mes parents rêver de l’Amérique. Je ne saurais pas dire non plus en quelle année ils ont commencé à nourrir ce projet prétentieux d’émigration ; quel âge pouvais-je avoir lorsqu’ils ont commencé à me distiller presque quotidiennement cette image insensée, ce portrait idyllique des Etats-Unis ? Mes parents, il me faut le reconnaître n’étaient pas moins paysans que leurs voisins. Mon père avait appris un peu l’anglais grâce à un ami bourgeois. Un ami… En vérité, il s’agissait plus de pitié. Je dirais même que mon père était devenu l’objet à se donner bonne conscience d’un ancien gars du pays qui assumait mal socialement sa fortune acquise par un mariage avec une parisienne de bonne famille. Possédant de mieux en mieux la langue de Shakespeare, une folie des grandeurs prit mes parents : le petit couple normand allait faire fortune dans le nouveau monde poussant même le ridicule et l’attachement aux symboles futiles à se convertir au protestantisme avant de traverser l’Atlantique.

Je ne saurais décrire précisément ce que je ressentais lorsque je les entendais, adolescent. Ma lucidité et mon mépris pour les petites gens qu’étaient mes parents sont venus bien plus tard. J’ai tout oublié d’eux. Je ne pourrais pas jurer aujourd’hui que ma mère ne m’ait jamais embrassé. Il me paraît aujourd’hui que ma mère, c’est cette plage, cette Normandie, riche et humide et si verte.

Cette crique que je ne pourrai jamais oublier où je venais jouer et m’isoler ; loin de mes camarades de classe qui me prenaient tous pour un maladroit, je me promenais seul sur cette corniche. Je devenais ici un modèle de liberté. Il m’arrivait de chanter. Je chantais juste. Je chantais fort. Je hurlais. De ces rochers, je savais plonger, nager et battre des records d’apnée. Je pouvais m’inventer un monde où j’étais tantôt simple pêcheur et tantôt un grand soldat blessé et méritant ; mais la plupart du temps, je ne pensais à rien de précis, et j’admirais, assis sur les rochers, le paysage, laissant courir à leur gré mes rêves et mes réflexions. Je m’entraînais aussi à capter la moindre odeur, à entendre tous les bruits marins et terrestres audibles sur la côte et je me plaisais à sentir au maximum la pluie battre mon corps et mon visage.

Depuis, le temps a passé sur mes souvenirs. Il les a polis, arrondis et rendus plus grossiers, plus simples ; mais ni la rencontre de Jenny à Denver, ni mon entraînement dans l’armée américaine n’a pu me faire oublier ces moments où la pluie séchait mes larmes d’enfant, le sable nettoyait mon corps et où, pendant des soirées entières, je me faisais croire que j’étais le gardien de la plage et que les passants étaient des étrangers venus visiter mon royaume marin.

Bien entendu, je garde tous ces souvenirs pour moi. Je raconte rarement les jeux que j’avais, enfant ; tous les hommes, et peut être même les femmes, se sont fabriqués des jeux, des histoires qu’à cause de leur imagination leur esprit d’enfant n’était jamais très loin de croire. Seulement tous et toutes feignent le contraire. Je suis sûr que si je confiais ces secrets aux distingués soldats américains et britanniiques qui sont à mes côtés, ils se moqueraient grossièrement de moi. J’entends déjà leurs réflexions subtiles : des « moi, j’avais pas des jeux de pédés », ou alors « moi j’avais des potes et on jouait à des jeux normaux, je restais pas tout seul comme un con ». Je leur souhaite d’ailleurs de mentir, car s’il est vrai qu’ils n’ont joué qu’à des jeux normaux et qu’ils n’ont jamais écouté et joué avec leur imagination, alors ils n’ont probablement jamais joui autant que moi de leur enfance. Des jeux normaux… Qu’est ce que ça veut dire ?  D’ailleurs, je dis ceci des soldats parce qu’ils sont à coté de moi en ce moment, mais la chose serait vraie de n’importe quel homme. La solitude est devenue de nos jours une maladie honteuse, alors qu’elle n’est risible que si l’intéressé la subit et se montre incapable d’intéresser quiconque. Mais, si cette solitude est voulue et recherchée, il n’y a rien de ridicule à aimer s’isoler un petit peu.

Mais je préfère me taire : en conversation, les soldats sont plus amusants à écouter : à les entendre, ils ont toujours été tellement sociables qu’ils n’ont jamais été seuls de leur vie. Ils n’avaient pas que des amis, mais leurs ennemis étaient si rapidement écrasés et leurs amis leur étaient si dévoués qu’ils ont traversé avec succès la série d’épreuves incroyables qu’ils ont connues au cours de leur existence. Si on discute un peu plus longtemps avec ces héros, on s’aperçoit vite qu’à mesure que les années passent, l’âge prétendu de leur dépucelage s’avance et leurs performances ce jour-là deviennent de plus en plus remarquables. Ce qui permet de supposer que les militaires américains à la retraite ont tous eu leur première expérience entre dix et douze ans. Il est aussi probable que toutes les Américaines ont participé à satisfaire cette grande armée tant les conquêtes de chaque soldat sont innombrables. Comment expliquer à ces précoces bêtes de sexe mythomanes que moi, quand j’avais treize ans, j’aimais être seul, que j’avais assurément plus d’amis que d’amies ; et que j’ai attendu l’âge de vingt-deux ans pour faire ce que d’autres prétendent avoir fait à neuf ou dix.

Ces soldats et moi sommes différents, mais ce sont des gens  bien, ils sont dévoués, serviables et bon camarades. Ils m’ont tous beaucoup aidé lorsque j’ai débarqué, novice dans leur armée. Le romantisme d’un petit Français qui s’engageait seul dans l’armée américaine pour se battre et regagner son pays perdu plaisait à leur conception idéale, héroïque et un peu dramatique de la vie.

Ils ont tous une profonde tendresse au fond d’eux et leur accent et leur air de cow-boy contrastent avec leur attachement sincère à des valeurs d’amour, de fidélité, à leur religion et même à leur patriotisme convaincu et leur sens de la justice.

Refouler le sable des plages normandes, me rappelle également la quiétude et l’insouciance que j’ai eu si peu l’occasion de goûter en Amérique. La préparation mentale au débarquement que nous avons connue n’a fait qu’exciter mon envie de renouer avec la douceur de ces moments. Depuis une heure, donc, je cherche les senteurs humides que je peine à me rappeler. Il faut reconnaître que les odeurs marines ont laissé place à celles agressives de la poudre. Le crachin matinal sur le visage ne procure plus la même sensation derrière un casque et sous les épais uniformes. Quant au vent dans les feuilles et aux chants d’oiseaux, ils ont été anéantis par les mitrailleuses ennemies qui, sur les plages voisines, comme pour encore souligner leur autorité, crachent encore leurs aboiements plombés sur  notre terre meurtrie.

Mais, peu à peu, je me rends compte que la disparition de ces bruits, de ces odeurs, de tous ces plaisirs simples que mon esprit d’enfant, puis le temps, ont certainement embellis ne sont qu’une partie infime du bouleversement qu’ont connu ces rochers.

Les mouettes, le bruit calme de vagues gorgées d’écumes, les grillons au loin appartenaient au paysage, mais leur présence jadis n’attirait pas l’attention des passants. Curieusement, il faut d’ailleurs qu’ils aient disparu pour que je comprenne aujourd’hui l’importance de leur rôle dans l’amour que j’éprouvais pour cet endroit.

Mais non, le vrai bouleversement est tout autre : il est indescriptible et irréversible : cette crique jusque-là connue seulement d’une centaine d’habitants, et dont le nom n’était cité que par quelques amants qui s’y fixaient des rendez-vous le soir, figurera désormais sûrement dans des livres d’histoire. Et ceci est vrai quelle que soit l’issue de la bataille ; nous savons bien que même si nos troupes sont repoussées par la Wehrmacht, l’Allemagne nazie triomphante ne résistera pas à la fierté de montrer à ses jeunes enfants comment son armée a repoussé le plus grand débarquement de l’Histoire humaine.

J’ai beaucoup de mal à réaliser : ces rochers qui n’ont été jusqu’ici que le théâtre de quelques petits baisers volés la nuit ou d’arrestations de contrebandiers, connaissent aujourd’hui l’une des plus grandes batailles de l’Histoire. Habituée depuis la nuit des temps à l’eau de pluie, cette terre qui avait même oublié avoir bu le sang de ses enfants qui, il y a des siècles, l’ont défendue contre les envahisseurs anglais ou vikings. C’est aujourd’hui le sang de milliers d’humains qu’elle doit ingurgiter ; des occupants, étrangers, qui se battent contre d’autres, aussi étrangers, venus la libérer. Autrefois, les baigneurs étaient à l’abri du reste du monde dans un endroit discret et inconnu ; aujourd’hui, des personnes venues de l’autre bout du monde s’y battent, y installent des campements. Certains donnent des ordres, d’autres vocifèrent. Ceux qui ne tombent pas obéissent ; les autres crient, troublant encore à chaque fois un peu plus la tranquillité naturelle de ce lieu. Cet endroit n’est plus normand. Il n’est devenu ni américain ni allemand : il est mondial. Et c’est encore plus triste.

Moi, ça m’est égal. Il restera mien.

Les survivants blessés et immobilisés à terre derrière la ligne de soldats qui avance pleurent. Ils pleurent sur un parent, sur un camarade mort ou disparu, ou tout simplement sur leurs propres blessures. J’observe ce spectacle désolant depuis un petit abri que je me suis déniché à l’écart des troupes. Dans une anfractuosité des rochers, je suis assis et prends peu à peu conscience que je ne parviendrai pas à retrouver cette si douce solitude d’autrefois, que cette plage est définitivement marquée empreinte de violence et de mauvais esprits. L’Histoire y a laissé sa marque de façon indélébile et plus rien ne sera comme avant. J’entame la flasque de whisky que je portais sur moi depuis les Etats-Unis. Je m’étais promis de ne la déboucher qu’une fois débarqué en Normandie.

Et J’y suis !

Les autres soldats acheminent le matériel au-delà des barbelés. Cette crique possède plusieurs petites plages et celle où nous avons débarqué a été rapidement maîtrisée. J’ai eu beaucoup chance : ma barge était une des dernières à arriver de la première vague ; ainsi quand je débarquai, d’autres avaient déjà essuyé le tir des premières mitrailleuses et les avait fait taire pour que nous puissions débarquer tranquillement les armes et le matériel radio.  Je laisse mes camarades s’accomplir dans cette tache sous la pluie de balles, estimant qu’étant né dans cette région, et en proie à une vive émotion, je bénéficie légitimement d’une faveur. Assis donc à l’écart, j’observe en cachette ces hommes s’agitant pour mener à bien leur mission.

Leur travail n’est malgré tout pas sans danger, car bien que les mitrailleuses se soient tues depuis déjà un bon moment, des tireurs isolés, du haut d’une falaise, continuent à faire des victimes parmi nos hommes. J’en vois encore qui tombent à quelques mètres de ma cachette. Je tente enfin tranquille de calmer ma respiration et de fermer les yeux. Le contrecoup de la fatigue que nous avons connue depuis quelques heures et la tension nerveuse à laquelle nous avons été soumis m’enivrent un petit peu.

Une légère mélancolie somnolente me prit. Je m’étais promis de ne revenir en France qu’avec Jenny, my american pretty girl, mais le sort en a décidé autrement ; et en guise de Jenny je suis accompagné de milliers de soldats, américains et britanniques principalement.

Mais finalement peu importe, et à présent que je suis là je compte bien un peu profiter de ma région d’enfance. Ne rien reconnaître de cette région dont j’ai tant rêvée me plonge dans une nostalgie et j’ai l’impression d’avoir débarqué sur une terre qui m’est complètement inconnue. Pourtant je m’y sens bien et compte bien y rester un peu avant de me réembarquer pour les USA. Je prends dans mes mains un petit peu d’eau de mer restée dans un trou du rocher à proximité de ma cachette. Je la porte à ma bouche sans l’avaler mais juste pour en sentir le goût piquant sur mes lèvres. Se rappeler ces baignades interminables après lesquelles tous les aliments semblent avoir pris le goût du sel de la mer.

Il est certain que si tous ces soldats n’étaient pas là, je retournerais pêcher avec ma vielle canne à moulinet. Peut-être même rechercherais-je Martine, comme autrefois quand je tentais de la séduire en pêchant et en plongeant des rochers les plus hauts, elle, cette femme âgée de quatre ans de plus que moi. Martine, où es-tu ? Peut être est-elle décédée depuis le temps. Ou alors mariée et partie loin d’ici ; elle aussi, loin de sa terre d’enfance… Elle a pu aussi rencontrer pendant l’occupation un de ces nombreux soldats allemands et lui trouver suffisamment de charme pour en tomber amoureuse… Peut-être même lui donner un enfant.

Je délire. De toute façon, il est impossible de partir maintenant à la recherche de quiconque. Il est même tout simplement impossible d’aller faire une partie de pêche au bout de la jetée puisque je ne pourrais pas sortir de ma cachette sans être immédiatement pris par un des sergents qui distribuent le travail. Je reste donc assis ici pendant des heures, sentant peu à peu une quiétude inhabituelle m’envahir. Ce n’est nullement une intention de déserter ou de fuir la guerre, mais juste une volonté de me reposer sur ces rochers que j’ai tant attendu de revoir.

Les mitrailleuses ennemies se remettent à cracher dans leurs bruits incessants. Ce n’est pas l’heure de sortir.

J’ai enfin trouvé une position où ma tête repose sur une pierre lisse comme sur un coussin. La petite ivresse du repos et du calme après l’effort mêlée à la peur s’installent et me privent de toute volonté d’efforts. Et le sommeil guettant brouille bientôt plus mon regard que la fumée des armes et la poussière du combat. De ma place je ne distingue plus que des bottes courant dans tous les sens, d’une façon à la fois rapide et désorganisée. Je n’entends plus les ordres criés. Le bruit des mitrailleuses au loin se confond et s’assourdit avec les gémissements des blessés qui sont à quelques pas de moi. Ce brouhaha lointain est ponctué par des rafales isolées ou par les balles sifflant près de moi.

Je n’aurais pas du finir ma flasque de whisky si vite. Je sais maintenant que je ne repartirai pas avec les autres. Mes muscles sont complètement détendus et l’alcool a ralenti mes idées et définitivement anéanti dans mon esprit courage et volonté. Je sens ma tête basculer à chaque fois que je tente un mouvement. Je ne parviens pas à gommer de mon visage le petit sourire qui vient si facilement quand on sent l’alcool monter à la tête, et j’arrive, après  ces jours d’angoisse et de tension, à prendre la guerre avec une certaine distance. Non pas que son issue me soit indifférente mais je laisse mes vaillants camarades remplir leur mission et leur souhaite bien du courage. Je sens mes jambes aussi inefficaces que mon cerveau ; je lèche le goulot de ma flasque pour en récupérer les dernières gouttes.

Je m’interroge à peine sur les raisons de mes bâillements et pourquoi j’entends de moins en moins les mitrailleuses allemandes. Je ne m’explique pas plus l’épaississement progressif et rapide du brouillard. Ma respiration se ralentit encore trouvant son propre rythme loin de la confusion des bottes de plus en plus lointaines. Les cris des sous officiers près de moi ont cessé. Je ne sais plus si les bruits que j’entends proviennent des mouettes, des blessés ou simplement du fond de mon imagination.

Je tente de m’endormir comme un enfant dans les bras de sa mère. Mer, sable et vent consolez moi, je me sens comme un enfant fatigué. Quand est-ce que je m’installerai avec Jenny dans une petite maison normande ? Dans quelle maison élèverons-nous nos enfants ? Pourquoi ai-je la curieuse impression  que ces projets resteront des rêves. Normandie, sais-tu qu’un enfant peut être heureux de mourir s’il meurt sur tes plages ?

Je pense quelques secondes à Jenny qui serait amusée de me voir ivre à somnoler sur une plage pendant que les autres, eux travaillent, au risque de se faire tuer. Des heures passent. J’arrive maintenant à entendre le vent frapper les rochers et je commence à me demander si tous les soldats ne sont pas partis. Ils auraient été très rapides mais je n’ai aucune idée du temps depuis lequel je suis caché ici. Je n’arrive de toute façon pas à réfléchir plus de quelques secondes à la même idée. Cette sensation me fait sourire faiblement. Une légère angoisse se mêle à ma quiétude. Je me sens soudainement très seul sur l’immensité de cette plage Je me demande doucement ce qui pourrait me sortir de ma torpeur ; qui pourrait venir me réveiller et me ramener à la réalité. Mais cette idée ne m’obsède pas. Je me sens bien et ça m’est égal.

Je rouvre les yeux et aperçois près de la pierre sur laquelle repose ma tête une flaque rouge. Je souris. Quel bonheur de te retrouver, terre natale, belle Normandie ! Je sens que le ciel se couvre ; il y aura certainement de l’orage, ce soir. Je prends une grande inspiration et finis par m’endormir.

Jenny restera sans nouvelle de son mari.

Jamais l’armée américaine ni les associations d’anciens combattants ne pourront lui fournir d’éléments précis sur sa mort.

Le régiment de la 29ème division qui devait soutenir l’unité d’élite de la 1ère division n’avait jamais combattu.

Omaha Beach est la plage du débarquement de Normandie qui a provoqué le plus lourd bilan des pertes du Jour J.

Plus de mille Américains sont tués et deux milles blessés sur Omaha, quatre-vingt-dix pour-cents des hommes la première vague étant tués ou blessés. L’histoire retient le surnom de « Bloody Omaha » (Omaha, la sanglante).

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